LE SOLITAIRE
Il a une cicatrice au front et s’assoit toujours au bout des tables.
Même lorsqu’il est grand, le solitaire est comme un grain de sable.
Il cueille des herbes ou avec la hache des souvenirs il taille,
Et traîne sa couverture usée - s’il reste sans travail.
Une tête de cheval rayonne au milieu du champ et le solitaire
Va juste la regarder : et non qu’il veuille qu’elle ait une crinière.
Pendant que d’autres parlent au sujet de l’art ou vocifèrent,
Le solitaire attrape les mouches à table puis il les libère.
Mais s’il écrit des vers, il vous laissera, c’est sûr,
Avec une larme aux yeux ou dans la mémoire, une égratignure.
Il a sa petite maison et une soupe chaude tous les soirs,
Mais sa vie est si fermée: une caisse jetée au fond du couloir.
Et même si cette maison s’anéantit jusqu'à la dernière pierre,
Il peut manger des cendres, mais ne fera aucune prière.
Pour savoir dans quel feu il a brûlé et sur quelle forge,
Avant il vous faudra beaucoup de vin pour vous rincer la gorge.
En suivant son chemin, avec une tache sur sa blanche chemise,
Dans la foule il disparaît comme une perle qui s’enlise.
D’une main, il porte un livre pour son âme souffrante ; de l’autre
Dans la poche le solitaire serre une corde.
Traduit du bulgare par Mariana Chirova Simmandree