UN CRI DANS LE SILENCE

Un vent vient de terre : doucement, août se détruit.
Les troupeaux des ombres dorment, l’âme de soleil étourdie.
Des crêtes arides se poursuivent dans le jaune de l’eau.
Sèchent les champs sur la hauteur, en bas arpente un saule.
Un chagrin dans l’air se lève et se rue tout droit en moi,
Car encore un peu et – telle une journée, la vie se terminera.
Mais de nouveau la brise flotte – le temps s’écoule encore –
Et les brins des herbes piquent comme les éperons d’un moineau.
Que de tiraillements de ronces, comme la vie m’a fait tourner,
Et pour arriver à la trentaine quel tribut j’ai dû payer !
Jamais mes mains n’ont pu compter six doigts chacune :
Il vaut mieux s’évaporer sans traces, si cela continue.
Plus de deuil ni de tristesse, et ce qui est fait, est fait…

Et pour quelle raison elle roule, l’éblouissante douve du soleil ?

Sûrement pour que je rattrape le voyageur sur l’autre rive
Et que nous fassions la route en frères : moi, en piéton, en cavalier, lui.
Mais l’âme éprouve une défaillance – un vent défait et tresse le blé,
Le lièvre bouge ses oreilles : ma peur, il veut la déchiffrer.
La rivière traverse la colline devenue sauvage de canicule ;
Cheval, chapeau et homme plongèrent dans les épis et disparurent.
Et à nouveau, comme un battant de porte, l’ombre vacilla.
C’est sec, désert et comme de sable : à mourir de solitude.
Un caillou déboule la rive, et le silence se met à bouillir.
Quelque part la vie remue à peine – et se dépêche de s’endormir.

Traduit du bulgare par Mariana Chirova Simmandree

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