Germinal Tchivikov

Germinal Tchivikov

Germinal Tchivikov (1945) est arrêté, alors qu'il est étudiant à l'université de Sofia, en 1969 pour avoir participé à une manifestation contre l'invasion des chars soviétiques et des alliés du Pacte de Varsovie à Prague et avoir distribué des tracts "comportant des affirmations diffamatoires contre le pouvoir populaire".

Lorsqu'il a purgé sa peine de trois ans, la Sécurité d'État lui met le marché en main : s'il collabore, il pourra tranquillement continuer ses études et ne sera pas inquiété. Il a l'outrecuidance de refuser, sous prétexte de «ne pas être fait pour ça», et que «ce serait contraire à sa dignité». Il s'attire bien évidemment les foudres de la police politique qui s'attache à l'empêcher de poursuivre ses études et de se marier avec une jeune Hollandaise rencontrée à Berlin l'été précédant son arrestation. La jeune fille mettra tout en œuvre et alertera son ambassade pour qu'on leur permette ce mariage, puis pour faire sortir Tchivikov de Bulgarie. En 1975, il peut quitter la Bulgarie et part vivre en Hollande où il reprend ses études avant de devenir professeur d'université en théorie littéraire et journaliste.

Il est l'auteur, notamment, de l'Affaire Milosevic, paru en Bulgarie en 2007.

À la faveur d'une première loi qui permet l'accès, en 1998, à tous les citoyens bulgares à leur dossier conservé dans les archives de la Sécurité d'État, il prend connaissance de son propre dossier.

Il en résulte un livre à la narration très particulière, qui tient à distance son objet, le Germinal Tchivikov surveillé, en s'adressant à lui à la deuxième personne, et à la structure originale et intéressante, mêlant commentaires personnels et documents d'archives : Surveillance et conditionnement, la prose littéraire de la Sécurité d'État, publié en 2008 aux éditions Fama de Sofia.

Extrait de la 4e de couverture bulgare :

Tchivikov-koritsa

"L'appareil de la Sécurité d'État ne s'est pas acquitté comme il fallait de la tâche qui lui avait été confiée. En 1989, son employeur a dû lâcher le pouvoir et ses milliers de collaborateurs, en poste ou non, se sont dispersés pour sauver leur peau, collectivement ou isolément. Dans la plupart des cas avec un succès que l'on ne peut qu'envier. Après avoir échoué comme garant du monopole dirigeant, la Sécurité d'État demeurera néanmoins dans l'histoire par sa production écrite d'un goût douteux, qui s'étale sur presque cinq décennies. Malheureusement, cet héritage est en partie détruit et perdu pour l'humanité, mais ce qui a survécu n'est pas peu important. En tant que produit d'un effort créateur collectif, pour ne pas dire du peuple entier, cet héritage écrit est une sorte de miroir de l'époque. Il est bon que le peuple bulgare le contemple et jouisse de son image encore au moins un demi-siècle. C'est salutaire.

En 1998, le législateur permet à Germinal Tchivikov d'avoir pour la première fois accès au miroir en question. Et, en regardant dans les dossiers issus des archives de l'ex-Sécurité d'État, Germinal Tchivikov s'est retrouvé nez-à-nez avec l'image d'un jeune homme qui portait son nom et certains de ses traits distinctifs. Il s'agit d'une image aux qualités littéraires indiscutables forgée notamment par tous ses amis de l'époque. Cette image a appris à l'auteur beaucoup de choses qu'il ne soupçonnait pas, sur lui-même et sur ses amis."

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