Petar Petrov

Petar Petrov

Petar Petrov fait partie de la jeune génération de poètes bulgares. Il est né en 1978 à Vratsa, au Nord-Est de la Bulgarie. Au lycée de sa ville natale, il se partage entre la physique et l’anglais et fait ses premiers pas en écriture. Après des études à l’Université de Sofia, il est rédacteur à la revue «Cercle» et travaille comme journaliste à la Télévision nationale. Il fait en même temps du théâtre, de la musique et de la poésie. Et avec succès, car son premier recueil de poèmes "Code PIN "louktchéta" est distingué en 2004 par le prix «Printemps du sud».

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Recueil de poèmes:

Code Pin: «louktchéta [1]

Le titre du premier livre de Petar Petrov est évocateur pour une génération qui a grandi avec jeux vidéo, téléphones portables et ordinateurs verrouillés par des codes secrets. Les codes sont pour elle une manière de protéger son jardin secret mais aussi d’affirmer son identité dans un monde uniformisant. Le choix des mots de passe est d’ailleurs révélateur pour la personnalité de chacun. Pour Petar Petrov, c’est le mot «louktchéta». Il désigne des bonbons acidulés, légèrement piquants, qui rassemblent à des petits oignons blancs, d’où leur nom.

Pour les Bulgares, ces bonbons sont tout un symbole. Surtout pour ceux qui ont vécu au temps du communisme, quand l’offre en sucreries ne pouvait se mesurer à la profusion de friandises dans les pays occidentaux. Des pots en verre garnis de «louktchéta» trônaient sur les comptoirs de toutes les épiceries, pâtisseries et boulangeries de quartier. Et malgré les pénuries qui frappaient les produits alimentaires, les «louktchéta» ne manquaient jamais à l’appel. Un élément stable en quelque sorte, destiné à adoucir le quotidien et, qui plus est, était avantageux car les bonbons mettaient longtemps à fondre dans la bouche. On en profitait pendant un bon moment. Avec le temps, on s’est mis à inventer de nouvelles variétés de «louktchéta», signe que le changement était dans l’air et que les Bulgares en avaient vraiment assez de la monotonie…

Les «louktchéta», c’est un clin d’œil à l’enfance avec laquelle le poète n’a pas desserré les liens. C’est l’un des traits caractéristiques de ses poèmes qui oscillent entre maturité et nostalgie du passé. Petar Petrov s’inscrit ainsi dans le sillage des écrivains de la génération précédente. Comme eux, il reconnaît qu’il prend la plume pour jouer avec les mots, pour s’amuser avec les sons et les sens cachés. Ce jeu devient un jeu de «décomposition» du langage quotidien et de «recomposition» d’un univers poétique fait de fragments d’événements, d’images et de lieux à travers lequel l’auteur exprime sa tendresse, ses angoisses et ses peurs, ses impudeurs.

Les «louktchéta», c’est aussi le piquant du temps qui passe, le goût des événements qui se succèdent. La sensation douce-amère de vivre dans le monde contemporain, citadin, que le poète décortique avec soin pour mieux l’intégrer dans la mosaïque insolite de ses poèmes.

Ralitsa Frison-Roche

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