Nadejda Radoulova – poèmes
Extrait de Coton, verre et électricité (2006)
EDISON
telle une chatte portant son petit par le cou
la lumière me traîne à travers la pièce
jusqu'à ce que des veines fassent gonfler les murs
que le tapis recrache son coeur bleu laineux
la maison n'a pas de propriétaires
que des voeux :
je veux sortir de mon corps de femme
de ma moitié gauche
de ma dernière forteresse la littérature
la chatte est une mûre qui brûle au milieu de la pièce
là se réalisent tous les voeux
sans fatigue
sans laisser de traces inutiles
puis la chatte dort sous le lit
puis de nouveau nous dansons
je verse un peu de lait dans l'écuelle
il brille même
pour une amie j'ai des maharanis d'un lointain pays
Petites lampes
A L.
(Si ce poème entre
un jour dans un livre,
il se dressera vers la fin -
tel un sapin de Noël dans les derniers jours de décembre,
mille huit cent quatre-vingt deux,
où l'on a inventé la première guirlande
de petites lampes électriques.)
mon bien aimé
me pare au milieu de la pièce
coton verre et électricité
coton
verre
et électricité
ensemble tous les deux nous célébrons
le corps électrique
je célèbre le corps électrique :
je suis faite de petits bouts de verre
je ronronne pique et bourdonne
et tous les fils mènent à
mon immense coeur de verre
cent bougies
mon bien aimé m'allume
et m'éteint m'allume et
m'éteint
je ronronne pique et bourdonne
jer-onr-onne-pi-queet-bou-rdo-nne
et l'amour s'écoule sur la chaîne
à petites gorgées
le jeu se poursuit jusque vers minuit où
il ne reste que les résistances mouillées à nu chauffées dorées
elles se tordent autour de mon bien aimé qui
toujours allume et éteint
allume et
éteint
jusqu'à ce que les résistances sautent
et c'est la lumière
Traduit du bulgare par Marie Vrinat