J'ai vécu le socialisme (1960)
Les années 1960
Socialisme et natalité
Vous avez eu une excellente idée, non seulement parce que cet échange enrichira nos connaissances sur l’époque que nous avons vécue, mais aussi parce que les gens ont besoin de partager leurs souvenirs, de se faire entendre. Voici mon histoire.
Vers la fin des années 60 du siècle dernier, quand les premières statistiques sur la baisse de la natalité ont été connues, le gouvernement n’a pas tardé à réagir en publiant le Décret sur l’encouragement de la natalité. Je ne citerai pas le texte, mais ses dispositions se réduisaient en pratique aux mesures contraignantes suivantes: une femme mariée sans enfant, ou ayant un enfant unique, n’avait pas droit à des pilules contraceptives (vendues uniquement sur ordonnance en pharmacie). Si une femme dans cette situation se retrouvait enceinte, il lui était interdit de pratiquer une I.V.G. – droit qui était reconnu en revanche aux femmes célibataires. De cette façon le Parti et le gouvernement se glissaient sous notre couette, participaient à notre vie sexuelle et la contrôlaient dans ce qu’elle avait de plus intime.
Milena Petkova, 58 ans, retraitée, consultante en matière de Projets sociaux et de santé, Sofia
Les Américains sur la Lune
Je me souviens d’un soir où ma mère est rentrée du travail plus tard que de coutume car elle avait été retenue par une réunion de la cellule du Parti au sein de l’entreprise. Le secrétaire du Parti y avait pris la parole et, avec un visage d’enterrement, marquant des pauses dramatiques et d’une voix étranglée par l’émotion, il a tenu à l’assistance les propos suivants qui sont restés gravés dans ma mémoire :
«… Camarades… j’ai à vous faire part… d’une… très mauvaise nouvelle… Aujourd’hui…. les impérialistes américains…. ont fait… une tentative réussie… de marcher sur la Lune… Restons solidaires et unisdans cette épreuve!», et ainsi de suite.
J’avais huit ans à cette époque qui a vu l’humanité faire ce grand pas en avant. J’ai alors appris qu’une bonne nouvelle pouvait s’avérer en réalité mauvaise.
Et vice versa!
Quand, le 11 septembre 2001, tous les gens normaux étaient « solidaires et unis» dans le malheur, il y avait des foules qui s’en réjouissaient quelque part dans le monde en parallèle auquel, je l’espère, nous nous sommes définitivement arrachés!
Vesselin Nedialkov, 43 ans, architecte, Sofia.
Deux postes de télévision
Début des années 60. On a démoli la maison où nous habitions et on nous a relogés dans un petit immeuble en face du Lycée N° 1, peuplé de «combattants actifs contre le fascisme et le capitalisme». Une de ces familles privilégiées a été la première dans tout le quartier à se doter d’un poste de télévision. Nos voisins ont hissé une antenne grande comme un mât qui passait par la cheminée et que l’on faisait tourner avec une sorte de volant pour lui faire capter un signal improbable. La télévision diffusait deux ou trois fois par semaine. Une demi-heure avant le début des émissions, tous les voisins affluaient chez les heureux propriétaires du poste et s’installaient devant comme dans une salle de cinéma. Je ne sais pas combien de personnes peuvent tenir dans une pièce de trois mètres sur quatre, mais je suis sûre que nous battions alors tous les records. Je n’oublierai jamais le jour où l’on diffusait un concert de la chanteuse Lili Ivanova: le lit sur lequel nous étions assis comme dans une loge s’est effondré sous notre poids, réduit en pièces. Quant à la qualité de l’image et du son, n’en parlons pas: tout était flou, l’écran était zébré de traits et couvert de flocons de neige. Il y avait toujours un «chargé d’antenne» qui passait son temps à la tourner, dans l’espoir de rendre l’image plus nette, en suivant les conseils qui fusaient de toutes parts: «À gauche, non, non, tourne-la vers la droite, pas comme ça, ah, voilà, maintenant c’est mieux». Quelle aventure! Le lendemain, gonflée d’orgueil, je faisais rager mes camarades de classe en leur racontant que j’avais regardé la télévision la veille.
Deux ou trois ans plus tard, les voisins d’une amie, qui avaient émigré aux Etats-Unis avec des passeports Nansen, ont envoyé à leurs proches quelques photos prises en Amérique. Sur l’une d’elles, on voyait deux postes de télévision. Persuadés que personne en Bulgarie ne croirait à une telle extravagance, ces gens avaient pris soin d’envoyer une photo pour témoigner de la réalité. Comment y croire, en effet, quant les foyers équipés d’un poste Opéra – la seule marque existant à l’époque – se comptaient sur les doigts de la main ! Nous, adolescents conditionnés par le matraquage marxiste, convaincus que l’idéal était en Bulgarie et en Union soviétique, nous avons tout de suite conclu à une machination de propagande. Ces gens-là avaient sûrement emprunté la télé de leurs voisins pour la photographier et nous jeter de la poudre aux yeux. Non mais, deux télés! A d’autres! On ne nous faisait pas prendre des vessies pour des lanternes!
Maintenant, au moins sur ce point-là, nous les avons rattrapés, les Américains!
Anna Kaloyanova, 56 ans, économiste, Bourgas
Pâques
Dans ses Mémoires, publiés en 1997, Todor Jivkov nous confie avec attendrissement que tous les ans et jusqu’à sa mort, sa mère ne manquait jamais de célébrer la fête de Pâques, préparant les traditionnels œufs rouges et la brioche pascale et que, même chez lui, on fêtait Pâques en respectant la tradition. En d’autres termes: oubliez que j’ai été Premier secrétaire du Comité central du Parti communiste bulgare et président du Conseil d’État d’un des pays communistes les plus athées, voyez plutôt que j’ai été quelqu’un de bien et de très respectueux des coutumes…
***
Je fréquentais l’École N° 120 qui se trouvait dans la partie basse du quartier de Lozenets, pas loin du canal. De l’autre côté de la cour de l’école il y avait une petite église avec un clocher de bois.
De temps en temps, on entendait sonner ses cloches annonçant la messe, un baptême ou un enterrement. Quand cela arrivait, la maîtresse s’immobilisait, l’oreille tendue, et ne manquait pas de nous rappeler que les cloches sonnaient pour les gens superstitieux qui croyaient encore à un «dieu». Elle prononçait de façon si expressive le mot de «dieu» que les forts en thème voyaient immédiatement les guillemets et la minuscule qu’elle y mettait.
Peu après Pâques (c’était en 1964 ou 1965), la rumeur a couru dans Sofia que des voyous avaient fait irruption dans la cathédrale Saint-Alexandre-Nevski pendant l’office pascal, qu’ils avaient outragé le patriarche Cyrille et les fidèles. Les forces de la milice, qui encerclaient la cathédrale, n’étaient intervenues qu’après coup. La plupart des gens pensaient qu’il s’agissait là d’une provocationmontée contre l’Église.
L’affaire n’a trouvé place que dans les rumeurs – il était inconcevable à l’époque qu’un journal ose faire la moindre allusion à quelque chose de ce genre!
L’année suivante, le soir du Samedi saint, l’histoire se renouvelle: des voyous pénètrent dans l’église, se livrent à des outrages, s’enfuient et la Milice nationale (massée aux abords de l’église pour empêcher qu’un membre des Jeunesses communistes n’entre pour assister au service religieux) intervient après leur départ.
Un an plus tard, à la veille de Pâques – surprise! Nous venons de rentrer dans la salle de classe et voilà la radio scolaire qui grésille. Les profs se taisent et font signe aux élèves de garder le silence. On entend la voix de la très antipathique camarade Groneva, la directrice de l’école. Elle fait un laïus de dix minutes sur les «fêtes de pâques qui approchent» (tout en guillemets et minuscules), les «vieilles personnes en proie à la superstition», et nous demande, à nous, les pionniers, de ne pas les perturber par une «conduite inconvenante» aussi «regrettables et haïssables que soient leurs pratiques surannées». Le message était clair: «Les voyous à l’abri» comme titraient les journaux de l’époque.
Bien entendu, le soir du Samedi saint, il y a de nouveau eu des actes outrageants perpétrés par des voyous à la cathédrale Saint-Alexandre-Nevski.
***
Ma mère chantait dans la chorale de Saint-Alexandre-Nevski. Je l’accompagnais souvent pour l’écouter et recevoir les compliments de ses collègues, avec l’espoir secret qu’on me laisserait monter sur le clocher. Mais le Samedi saint je restais toujours à la maison – la messe était trop longue, je risquais d’avoir sommeil et puis, c’était dangereux à cause des voyous. Ce n’est qu’en 1969 que maman a décidé de m’amener à la veillée pascale. Nous avons pris la rue Tsar Ivan Chichman. A l’angle de la rue Graf Ignatiev, aux abords de l’église des Sept-Saints, nous avons vu une petite table derrière laquelle se tenaient trois gaillards. Nous avons traversé la rue déserte. «Hep, psst!»s’est écrié l’un des gaillards avec une désinvolture prolétarienne. «Vous, la camarade avec le petit, vous allez où comme ça?» «Je fais partie de la chorale de Saint-Alexandre-Nevski. Nous y allons pour la messe.» «Et le gosse?» «C’est mon fils. Il m’accompagne.» «Ben, vous voyez, camarade, primo, personne ne peut aller par-là, sauf des retraités…» «Mais nous n’allons pas à l’église des Sept-Saints! Nous traversons juste la rue pour nous rendre à Saint-Alexandre-Nevski.»
Je sentais bien que cette évocation de saints agaçait au plus haut point les gaillards. Je me rendais aussi compte que ma mère prononçait exprès les noms des églises de cette façon, sans omettre le mot «saint» comme le voulait alors la pratique.
«Bon, de toute façon, vous pouvez pas passer. C’est un ordre. On ne passe qu’avec une pièce d’identité indiquant que vous habitez rue Chichman. Et un conseil d’ami: laissez le petit chez vous! Il y a ordrede noter les noms de tous les mineurs et après vous aurez des ennuis avec le professeur principal, le responsable de la milice dans le quartier, les militants du parti et tout ça…» «Mais nous ne violons aucun règlement. Nous allons à la messe, c’est notre droit!» Devant tant d’audace, au lieu de nous jouer un sale tour, les gaillards sont restés pris de court. L’un d’eux a baragouiné un:«Et des œufs rouges, de la brioche, tout ça?» qui a tourné court sous le regard noir de son chef. «Ben, nous, ici.. Les ordres sont des ordres, hein? Si vous vous entêtez, on prendra vos noms et vous aurez des ennuis, c’est ça que vous voulez?», a poursuivi le gaillard en chef.
Nous avons alors fait demi-tour et remonté le boulevard Tolboukhine (aujourd’hui boulevard Levski). Il n’y avait que quelques rares passants dans la rue. En face de l’université, de nouveau une petite table avec trois gaillards derrière elle.
«Pardon, où allez-vous?»
Ma mère a répété tout ce qu’elle venait de dire devant l’église des Sept-Saints. Cette fois-ci, les agents se sont montrés plus experts. Ils se sont contentés de garder un silence hostile et d’écouter les explications sans donner des ordres. Ils ont noté mon nom et celui de ma mère, ainsi que le numéro de sa carte d’identité. Aux abords de la cathédrale, il y avait plus de monde. Surtout des personnes âgées aux cheveux blancs, de celles qui, envers et contre tout, continuaient de se dire «monsieur», «madame» et «mademoiselle» et non pas «camarade». Un triple cordon de miliciens encerclait la cathédrale. Nous sommes passés à travers un interstice laissé dans ce cordon, le cœur serré d’appréhension, mais sans entrave, on ne nous a même pas demandé où nous allions.
Je suis monté avec ma mère dans la grande galerie des chœurs qui a une vue magnifique sur l’intérieur de l’église. J’ai salué ses collègues et pris ma place habituelle près du parapet. Je n’ai pas eu à attendre longtemps pour voir le cirque. Une voix ignoble, montant du groupe des fidèles, a appelé très fort quelqu’un. Au début je n’ai pas très bien compris ce qui se passait, les gens ont ignoré le comportement de l’intrus, le traitant comme un manque de politesse, comme quelqu’un qui se servirait aujourd’hui de son portable, par exemple. Mais bientôt les cris: «Vas-y, mec! Qu’est-ce qu’on attend encore?!» ont attiré les regards furibonds et les chuts de l’assistance. La situation a vite dégénéré. Un groupe de gaillards, copies conformes des membres du Komsomol trentenaires et costauds que nous avions vus rue Graf Ignatiev et en face de l’université, a alors envahi l’église en faisant un tapage d’enfer. Des objets métalliques ont fracassé le sol. L’écho a ramené des bruits de crachats et des cris de femmes. Le vieux patriarche s’est raclé la gorge et, de sa voix profonde, a invité les intrus à quitter le temple. «Les chiens aboient, la caravane passe», a ricané une voix de fausset. «Fais gaffe, Ivan, le vieux est en liaison directe avec l’autre vieux qui est au ciel !»«Mais non, ils ont une hiérarchie ! Y a d’abord les saints, et après, c’est «Dieu». Tu piges ? Je te le dis pour que tu ne meures pas idiot!» «Ah, bon ? Merci mon pote !Je ne l’oublierai pas.»
Cet échange n’a duré que deux ou trois minutes. En ricanant, se mouchant et se grattant l’entrejambe, les voyous se sont dirigés vers la sortie en bousculant les fidèles. Des sacristains ont accouru pour redresser les chandeliers renversés. A peine une ou deux minutes plus tard, le temps que le Patriarche rétablisse l’ordre et reprenne la messe d’une voix tremblante, la Milice nationale est entrée dans l’église. «Ho là, ho là ! Qui est le chef ici? Nous voulons parler à votre chef ! Nous venons du Commissariat N° 1.»
Nouvelle pagaille, nouvelle interruption de l’office religieux. Une voix grave s’est élevée: «Vous qui êtes censés faire régner l’ordre, vous le troublez de nouveau par votre intrusion. Où étiez-vous quand les voyous ont fait irruption ? Vous les avez bien vus entrer et sortir et vous n’avez rien fait. Vous n’avez pas honte ?» Les miliciens sont restés deux ou trois fois plus longtemps que les voyous. Ils sont finalement partis au grand soulagement des fidèles.
Je me rappelle avoir éprouvé des sentiments complexes. A l’époque, toute manifestation spontanée, tout coup d’éclat étaient interdits. Si par hasard il en arrivait, on prenait bien soin de les dissimuler. Avec le temps tout le monde est arrivé à penser que la Bulgarie était un pays paisible et tranquille comme un cimetière oublié, un pays ignorant les passions et les débordements de ceux qui vivaient dans la pourriture du capitalisme occidental.
Les voyous avaient agi avec éclat et leur acte sortait de l’ordinaire (j’étais sûr qu’ils n’avaient pas agi de façon spontanée). Cela a eu sur moi l’effet d’une piqûre d’adrénaline. Selon l’expression répandue alors parmi mes camarades de classe, j’avais senti mes genoux ramollis comme ceux d’une pucelle devant un bouc. Il était donc possible, dans ce pays tranquille et docile, de voir se produire un acte laid, certes, mais brisant la quiétude apparente.
Dans le même temps, une pensée angoissante m’a traversé l’esprit: les gaillards qui avaient noté nos noms allaient peut-être mettre leurs menaces à exécution. Le prof principal, le responsable du quartier, les militants du parti: ils allaient tous se jeter sur moi et m’accuser d’être un voyou. (C’est ce qui s’est effectivement passé, mais ça, c’est une autre histoire).
Je me suis aussi demandé quelle serait la réaction du camarade Todor Jivkov après ce qui s’est passé. Les responsables du ministère de l’Intérieur ne manqueraient pas de l’en informer. Mais je vois aujourd’hui que c’est bien inutilement que je me faisais du soucià ce sujet : ses Mémoires nous apprennent qu’à la même époque il fêtait tranquillement Pâques en famille avec les traditionnels œufs colorés et la brioche pascale, frappés officiellement d’opprobre!
Peter Skipp, 48 ans, traducteur, Londres
Mon mois d’août 1968 à Sofia
Cinq journaux au contenu identique, Radio Sofia, un peu plus tard la Télévision bulgare. Le reste : tabou, interdit, brouillé. C’est ce qui s’était passé en 1956 avec l’insurrection en Hongrie contre l’Occupation soviétique. Je revois mes parents collés au poste, écoutant Radio Londres en bulgare à travers le grésillement et le brouillage. Les bribes de phrases entendues étaient ensuite mises bout à bout et interprétées. Plus tard (après des années) le brouillage a été arrêté et je me souviens très bien qu’en 1968 des stations comme radio Londres n’étaient plus brouillées. Mais le Festival mondial de la jeunesse et des étudiants (août 1968 à Sofia) a pris fin. Le conflit entre les réformateurs en Tchécoslovaquie et le Kremlin a atteint son point culminant.
Et la réaction n’a pas tardé… Sofia au mois d’août… Un matin, il n’y a pas eu de journaux. Il n’y a pas eu un seul journal du matin dans les kiosques jusqu’à midi. Vers 14 heures on a enfin livré Rabotnitchesko delo (La Cause ouvrière, l’organe du PC) avec, en première page,un communiqué en grosses lettres: «Le gouvernement de la République socialiste de Tchécoslovaquie a demandé l’aide des pays socialistes frères…et l’a obtenue… Ce matin, les forces des pays frères se sont rendues à cet appel à l’aide avec des blindés. Des avions militaires ont atterri à l’aéroport de Prague… La population de la Tchécoslovaquie accueille avec soulagement et ovations ses sauveurs…»
J’étais de nouveau collé à la radio. Les nouvelles étaient terribles: le président Svoboda avait donné l’ordre de ne pas opposer de résistance, les membres du Comité central, du Bureau politique du Parti communiste, ainsi que du gouvernement avaient été arrêtés et transférés en URSS. Une vague de protestations déferlait sur le pays… Des radios amateurs diffusaient des appels à l’aide….
Le soir, les émissions en bulgare de Radio Londres à 22.30 heures étaient brouillées au point qu’il était impossible de saisir le moindre mot. Je suis passé aux émissions en russe de radio Londres qui étaient un peu plus audibles. Et ce que j’ai entendu était si incroyable que je ne l’oublierai jamais. J’ai appris que le ministre des Affaires étrangères de la Tchécoslovaquie, Jiri Hayek, se trouvait en ce moment-là à New York. Il s’était rendu à l’ONU et, du haut de la tribune de l’Assemblée générale, il avait demandé au nom du gouvernement de la Tchécoslovaquie, le retrait immédiat et total des troupes d’occupation. C’était bouleversant... Extraordinaire… Cette déclaration a jeté une lumière éclatante sur l’hypocrisie et les euphémismes des moyens non pas d’information, mais de désinformation du socialisme….
Le plus surprenant a eu lieu un mois plus tard. On m’a demandé de remplacer pour quelques jours une interprète (j’étais étudiant et je travaillais pendant les vacances afin de m’acheter un anorak pour l’hiver). Il fallait accompagner une camarade soviétique qui avait le rang de vice-ministre. C’était une femme décidée et à l’esprit ouvert. Un soir j’ai pris mon courage à deux mains et je lui demandé ce qu’elle pensait de l’invasion de la Tchécoslovaquie. Elle m’a répondu: «C’est une infamie que rien ne peut justifier!...» Je n’oublierai jamais ces paroles…
Josef Svertner, 58 ans, maître de conférence à l’Université de Sofia
Traduit du bulgare par Roumiana Stantchéva