OSSELET DE PISSENLIT
Le soleil déjeune. Il desserre son baudrier.
Il boit le vin : son cou devient rouge.
Il me submerge... Et je ne peux plus rester
Immobile dans l’éprouvette du jour.
La vie dehors déferle et tonne.
Malgré l’approche d’une procession funèbre,
Je pense, serrant chapeau en paume :
La mort n’est pas, elle ne peut pas être.
Même si je meurs, je réapparaîtrai
Dans l’œil du piaf qui vous regarde du sapin.
Ou le matin, en hanneton je traverserai
Solennellement la cour du voisin.
Je serai l’épine qui pique par hasard,
Ou un criquet à gorge enrouée des gouttes d’eau.
Mais mieux encore: la ronce qui s’amuse
Avec la queue en boucle de l’agneau.
Je serai souris, autour de la prison
Avec les autres je me livrerai à une folle course.
Ou bien le pissenlit qui à travers une mince sonde
Ausculte les peines de toute la nature.
Ou bien, le mot qui m’attendra sur la pierre
/La mort ne peut pas triompher des mots…/
J’entends l’osselet du pissenlit pousser sous terre.
Pourvu que vous aussi l’entendiez un jour
Traduit du bulgare par Mariana Chirova Simmandree